dimanche 8 septembre 2024
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Hiding Saddam Hussein ou Les derniers jours de Saddam

18 ans après sa mort et chaque année à l’approche de l’aid el adha le visage de Saddam Hussein réapparaît et reviennent les questions sur sa capture par les américains le 13 décembre 2003, dans un hameau perdu en Irak, non loin du fleuve du Tigre.

Huit mois de traque, 150000 soldats américains à chercher la cachette du président irakien, 235 jours que le réalisateur kurde Mustapha Halkawt, (aujourd’hui naturalisé norvégien), va raconter dans son film «Hiding Saddam». Un document historique qui lève un pan sur les jours qui ont précédé l’arrestation. L’image qui avait fait le tour du monde était celle d’un Saddam Hassine hirsute, au visage perdu et aux yeux hagards et que les soldats américains sortaient d’un trou. Le message était de dire voici le plus grand dictateur de la région caché comme un rat dans une minuscule tombe. Le film “Hiding Saddam” s’interroge et interroge Alaa Nameq, l’agriculteur qui a caché Saddam Hussein durant 235 jours, dans la ville d’El Dawr, devenant son ami, chauffeur, coiffeur. Scénariste, réalisateur et producteur, Halkawt Mustapha voulait raconter l’histoire du “trou” à laquelle il n’avait jamais cru au départ. Il a mis trois ans pour convaincre Alaa Namiq de raconter les 235 jours passés avec Saddem Hussein et surtout le trou.

Le film-documentaire suscite une dissonance cognitive considérable chez le spectateur, avec son sujet subversif qui se heurte à une histoire humaine authentique et honnête, ainsi qu’à une narration assez conventionnelle. C’est un sentiment singulier voire étrange que d’entendre un homme, un père de famille, aujourd’hui dans la cinquantaine, raconter comment il s’est lié d’amitié avec son “président”.

Au fur et à mesure que l’histoire progresse, il devient évident qu’Alaa Namiq admirait réellement son invité, et l’admire toujours, car il s’est honnêtement attaché émotionnellement à lui. Il nous raconte comment il a rencontré Hussein et comment il l’a accueilli. Alaa Namiq mentionne qu’à l’époque, il n’était pas au courant des atrocités telles que le massacre de Kurdes ou de musulmans chiites, mais là encore, il le sait désormais, et cela n’a pas changé son opinion sur son ancien invité. Son témoignage, émouvant par son honnêteté et son sérieux, est entrelacé de reconstitutions de scènes charnières de l’époque, ainsi que d’images d’archives qui retracent la chasse à l’homme contre Hussein. Ce mélange offre un contexte historique mais crée également une distance par rapport au protagoniste, dont la présence est de loin le plus grand atout du documentaire. Le film est prudent car il nous nourrit d’informations au compte-goutte, comme si le réalisateur voulait protéger son protagoniste de toute attaque potentielle. Il est difficile d’établir sa vision, car il hésite à adopter une position politique spécifique. Rappelons que le film a mis 10ans avant de sortir sur les écrans. “Hiding Saddam Hussein” critique l’intervention américaine en Irak, mais il semble poser involontairement une question : la guerre qui a renversé Saddam valait-elle la vie et les souffrances des civils irakiens – y compris Alaa Namiq ? Après tout, il s’est retrouvé à Abou Ghraib pendant plusieurs mois où il a subi les pires tortures.

Ce documentaire simplement conçu est certainement intéressant et mérite d’être regardé – principalement en raison de son protagoniste – même si un public averti et ayant une connaissance plus approfondie de la géopolitique pourrait en vouloir davantage. N’empêche que Mustapha Halkawt a eu le courage de raconter une partie de l’histoire, par son protagoniste principal ( aujourd’hui vivant dans le plus grand secret) et qui n’est pas celle des américains. Un film à voir

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