Malgré la réussite quasi-unanime du quartet (UTICA, UGTT, ATDDH et COA) à tenir les rênes du pays à un des moments les plus durs et les plus cruciaux, après l’assassinat de Mohammed Brahmi et l’appel de la rue au changement du gouvernement de la Troika, après avoir mené à bon port les élections législatives et présidentielles, malgré l’apaisement apporté grâce à l’accord du patronat et de la centrale syndicale, l’UTICA et l’UGTT semblent en plein désaccord. La guerre n’est plus froide, elle est carrément déclarée. En témoignent les dernières déclarations de Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint, fustigeant les patrons en les traitant de tous les noms et la réponse des patrons, qui a mis du temps pour arriver.
La dernière grève des transporteurs qui a été annulée in extremis, la veille de l’aïd a montré au grand jour la vraie nature des rapports. Les masques sont tombés.
Qui a tort et qui a raison ? Ceux qui ont joué aux arbitres ont-ils aujourd’hui besoin d’un arbitre ? Ils se sont pourtant assis à la table du président de la république dernièrement, qui leur a montré par cette initiative leur responsabilité à œuvrer pour l’intérêt du pays et à la paix sociale. En sont-ils vraiment conscients ?
La centrale syndicale semble avoir l’œil plus sur son prochain congrès que sur la stabilité du pays dont les indicateurs économiques sont au plus bas.
Des heures et des heures de négociations, des litanies à n’en plus finir, des réunions interminables et qui n’ont jamais rappelé l’intérêt du retour travail, de la production et de la productivité. Les syndicalistes semblent eux-aussi profiter de la situation dramatique, d’un gouvernement fragile et sans vision claire pour faire pression et obtenir le maximum. Ils ont beau rappelé leur rôle historique, l’UGTT a aujourd’hui perdu de sa superbe.
De leur côté, les patrons semblent ne pas maîtriser l’art de la négociation. Par moments, ils sont dans le dédain, ce qui ne peut absolument pas arranger la donne.
Trop de grèves, trop de tension, trop de discorde, trop d’animosité. Patrons et syndicats ne peuvent être qu’adversaires. C’est la nature même de leur relation. Et l’un ne peut exister sans l’autre.
Toutefois, il est grand temps que chacun assume ses responsabilités. L’hiver approche et nous savons tous que paradoxalement, c’est la saison la plus chaude en termes de revendications.
Et comme on ne pourra jamais demander aux syndicats à se taire, il faudra que les patrons apprennent à parler.