Ou quand un régime politique fait le malheur d’un pays…
Les régimes politiques sont le fruit du jeu des forces politiques dans le cadre institutionnel défini par la Constitution. S’ajoutent d’autres facteurs, historiques, idéologiques, culturels, qui déterminent la nature des régimes politiques Par ailleurs, on peut classer les différents types de régimes selon qu’ils privilégient la collaboration des différents pouvoirs (régime d’assemblée, régime parlementaire) ou leur stricte séparation (régime présidentiel). Certains régimes présentent par ailleurs un caractère mixte, à la fois parlementaire et présidentiel.
Or, le système choisi en Tunisie est un régime hybride en quelque sorte qui est en total inadéquation avec la réalité de notre pays.
On pourra l’appeler un régime de blocage, ou peut-être un régime de sauvetage voire d’ancrage pour certains, en tout cas pour ceux qui l’ont choisi.
Un régime qui ne répond à rien et qui ne découle de rien. Forcément il n’aspire à rien. Sauf à être un système qui mettra côte à côte des partis qui selon la norme politique ne devraient jamais se rencontrer dans la gestion des affaires d’un pays laïc.
La constitution tunisienne a peut-être marqué une étape cruciale dans l’histoire du pays, toutefois elle a instauré un système de gouvernance qui ne pourra jamais le faire évoluer.
Confusion, désordre, incohérence.
Tout est faux. Tout est à revoir.
Chef du parti majoritaire au Parlement, Caied Essebsi, n’est pas le chef du gouvernement, l’autorité pourtant effective du pays. Le chef du gouvernement, Habib Essid, n’est ni un homme politique, ni issu du parti majoritaire, Nida. Le pouvoir théorique et constitutionnel revient à un homme sans pouvoir, Habib Essid, qui à la limite n’a rien demandé à personne, même s’il a servi sous les trois présidents, Bourguiba, Ben Ali et Marzouki, outre Caied Essebsi. L’homme de pouvoir, Essebsi, qui a rétabli les rapports de force dans le pays, occupe une fonction dotée de pouvoirs, malgré tout limités : la présidence.
La confusion s’intensifie lorsqu’on constate que le président se conduit ou cherche à paraître par sa prestance, le prestige de sa fonction, et la représentativité de l’Etat vis-à-vis de l’étranger, comme l’autorité politique suprême du pays, même s’il prend de la distance et de la hauteur. Il est en effet celui qui dirige de fait le pays.
Et ironie du sort, le pays est très mal dirigé. Mais est-il seulement gouvernable ?
C’est le règne de l’incompétence et du chaos. Un véritable maelström où chacun tire vers lui pour sauver sa peau.
Et tant que le pays est dirigé selon un régime en totale rupture avec sa nature, il ne pourra qu’aller à sa propre perte.
Le mot consensus a été tellement rabâché, qu’on a fini par l’accepter. A l’usure.
Quand la malhonnêteté flirte avec l’ignorance, les dégâts sont extrêmement graves. Et les exemples, il y en a tous les jours, et dans tous les secteurs.
En ce moment c’est le règne du Mal, dans toute sa splendeur.
La Tunisie devient-elle un monstre incontrôlable ?