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C’est dur de prétendre à la démocratie avec un peuple en difficulté économique et qui a été biberonné à la dictature ! Et lors du congrès du nouveau parti ALMACHROU3, nous avons eu un échantillon d’incivilité regrettable, tout le discours du Président de la République a été sifflé et hué. Je suis le premier à avoir été amèrement déçu de NIDA et de son président de l’époque, mais nous devons réapprendre à respecter la fonction et par la même les institutions ! Sinon à quoi bon fêter la République ? Pour revenir au projet de la semaine, la plus belle annonce fût incontestablement celle de Mohsen Marzouk quand il a martelé que la démocratie et ses règles doivent être enseignées dès l’école primaire. Cette initiative, si elle venait à être appliquée, aurait le grand mérite de sauver enfin des générations futures, ce serait la première bonne graine semée par ce nouveau parti. L’hymne chanté par une chorale composée d’enfants était un symbole fort pour entamer le lancement du congrès, c’était sublime !
Le bébé qui vient de naître, comme l’a rappelé Raouf Cherif, doit être vacciné ! Certes il le doit, mais cela ne suffirait pas, il faudrait le nourrir suffisamment pour qu’il ne grandisse pas affamé, mais aussi sainement pour qu’il ne verse pas dans l’obésité ! Ainsi sur le papier et dans les paroles, les intentions paraissent bonnes, mais les mêmes acteurs n’avaient-ils pas fait de semblables promesses à l’époque de NIDA ? Il est vrai qu’ils ont à leur crédit d’avoir quitté l’ancien projet, mais ils auront contre eux, des citoyens écœurés de l’expérience démocratique depuis son début, un certain 14 Janvier 2011 ! De belles formulations, de beaux constats, de belles promesses envers les jeunes, envers les femmes, envers les méritants, envers les ambitieux pour la patrie. Comme pour beaucoup avant eux, le bourguibisme a été cité comme modèle à suivre, et là à eux comme à tous les autres, il faudrait rappeler que tout le monde peut se référer au bourguibisme et prétendre lui appartenir, mais tout le monde n’est pas BOURGUIBA ! Et les nostalgiques du ZAÏM, rêvent encore d’avoir quelqu’un à la tête de l’Etat qui suive les pas du maître, hélas CARTHAGE restera hantée par l’homme, car ses poursuivants ont tous été recalés ! Et l’on continuera à rêver de quelqu’un qui ne s’intéressera pas à l’argent, qui rendra aux institutions leur prestige d’antan, qui défendra l’image de son pays avec les dents, qui ne permettra à personne d’ébranler le prestige de la nation, qui reniera sa famille si elle venait à profiter de sa proximité du pouvoir; nous parlons de BOURGUIBA dans sa pleine forme, vous l’aurez compris ! Il est amusant de voir Samir Cheffi évoquer indirectement, au nom de l’UGTT, l’ère du combattant suprême, lorsqu’il a rappelé avec force que la Tunisie doit être indépendante dans ses choix, le discours de la centrale syndicale était bien musclé et a donné du tonus à l’atmosphère générale. Lors du chant officiel du MACHROU3, il a été projeté en arrière plan sur l’écran géant le portrait de Mohsen Marzouk qui faisait des gestes dignes de MAO à son apogée, il serait curieux de savoir si c’était le fait du hasard ou si c’était une communication calculée !
Vint enfin le discours tant attendu, et un peu trop tardif d’après les commentaires sur place, celui de la vedette incontestable du projet, le coordinateur Mohsen Marzouk. Ce discours contenait quatre points vite énumérés : la continuité dans le mouvement national, le mot reprise aurait été plus adéquat car il y a eu rupture, le programme de sauvetage urgent, la corruption et les responsabilités par le mérite. Projet ambitieux certes, basé sur les valeurs, l’inclusion, et au service du citoyen.
Il y avait du dit et du non-dit dans les discours, Mohsen Marzouk a parlé d’ennemi de la démocratie qu’est le fanatisme religieux, mais il est bon d’ajouter que la démagogie également est l’ennemi de la démocratie. Le probable futur dirigeant du projet s’est entouré de jeunes et de femmes pour se lancer dans l’arène et il a bien vu de ce côté-là. Reste à savoir si ce parti pourrait engendrer des élites dignes et patriotes jusqu’à la moelle pour réconcilier les électeurs avec la politique, ces électeurs qui ont été piétinés jusqu’à présent ! On peut parier que le chapelet d’ennemis qui attendent le projet au tournant vont mettre leur machine à détruire en marche, et le seul moyen de bâtir du solide et de régler les problèmes serait de dire les choses ; et à ce propos, voici ce que disait JAURES : « le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire » ! La naïveté des politiques, c’est de ne pas réaliser que le bon peuple est plus raisonnable qu’eux, et plus conscient des problèmes du pays ! Ce qui lui manque à ce peuple, c’est quelqu’un qui sache parler aux émotions des citoyens et attiser leurs passions, espérons que le MACHROU3 soit ce quelqu’un pour le plus grand bien de la Tunisie !
Zouheir Ben Jemaa
