Par Zouhair BEN JEMAA
L’état de nos villes et nos villages, l’état de nos trottoirs et nos routes, l’état de nos jardins et nos plages, l’état du pays tout entier est lamentable parce que nos politiques ne sont ni courageux ni audacieux ; ceux que nous avons hissé si haut grâce à un code électoral vicié à la base, se sont avérés des politiques novices, des pantins et des froussards manipulés par des vieux renards hostiles au changement et qui n’ont pas réalisé que la jeunesse d’aujourd’hui a changé de logiciel. Gageons que ces leaders vont vite glisser sur le toboggan de l’histoire !
N’eut été la lâcheté des premiers responsables d’après le 14 Janvier, les élections municipales auraient dû, auraient pu se tenir dans la foulée de la théâtrale révolution. Mais la mauvaise foi et l’appétit sans fin des manipulateurs de la Tunisie orpheline de l’époque, ont verrouillé le système pour empêcher tout contrepoids à leur pouvoir. Ils ont tout fait pour être les seuls à avoir une légitimité électorale, et ce sont eux qui ont retardé à chaque fois la tenue de ces élections si importantes pour permettre une vie citoyenne digne. Les vrais acteurs du changement ne sont-ils pas les bénévoles, les citoyens engagés qui donnent de leur temps pour les autres ? Des politiques patriotes, un Etat fort n’auraient-ils pas donné la priorité à ces élections, pour ne pas permettre aux débris de chantiers d’envahir les cités, pour ne pas permettre aux vaches et aux chèvres de sévir autour des poubelles et donner de nos quartiers l’image de l’Inde du 19ème siècle, pour ne pas vivifier le commerce parallèle et permettre aux marchands ambulants de s’approprier des voies entières et empoisonner l’environnement ! Ce grand cirque indécent ne doit pas, ne peut pas continuer, la République est en danger, et ses institutions sont ronflantes. Il est grand temps que la société civile prenne en grippe tous les partis politiques, allez tâter la jeunesse et vous remarquerez chez elle une très forte conscience du devoir civique, il lui manque juste un bon leadership ! Nous avons vécu un bégaiement de l’histoire : je fais une campagne en vous promettant la réalisation de tous vos rêves, vous m’élisez, je vous tourne le dos au premier tournant et je fais ce que je veux. A présent ces politiques sont en train de nous concocter une loi électorale à leur mesure, où on n’élira pas un maire et un conseil municipal séparément, mais le premier de la liste, même s’il n’obtenait que 12 %, sera le maire installé d’office, c’est dire que les futurs maires seront en majorité de NAHDHA et de NIDA ou ce qu’il en reste ! C’est dire que nous allons nous enliser dans le système où nous sommes déjà embourbés, un système foireux en sorte.
Pour sortir de ces anomalies, et pour se battre, il faut être conscient que le chemin sera cahoteux, que la partie sera très dure. Dure parce que, ceux qui sont sensés nous représenter ont déjà vendu leurs âmes ; quand je pense à ce cancre de SFAX, qui a le toupet de déclarer qu’il n’y a pas de Sfaxiens capables de gérer un ministère ? Mais qu’il aille demander aux vieilles pierres de SFAX, elles lui donneront la liste des hommes et des femmes qui feront d’excellents ministres, lui exclu bien entendu ! Vous l’aurez compris, cet élu n’a que l’argent comme force, cet argent qui corrompt, cet argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes !
Alors pendant que ces politiques renouent les alliances derrière les coulisses, pendant qu’ils font mijoter les coups tordus pour mettre la main sur les municipales, il faut un sursaut citoyen, une mobilisation sans faille pour faire barrage à tous les politiques d’où qu’ils viennent, et ouvrir la voie aux citoyens indépendants qui n’ont de temps et de soucis que pour leurs cités ; ceux qui animeront et encourageront la culture citoyenne, ceux qui revendiqueront la vraie décentralisation, et verrouilleront le système autour de la démocratie participative, seule garante de la bonne gouvernance. Défendre la civilité, c’est retrouver l’amour de la patrie et réconcilier la société avec elle même ! Et les Médias dans tout cela, n’ont-ils pas eux aussi, en tant que citoyens déjà, un devoir de promouvoir la culture citoyenne ? Pour le moment, le résultat est plutôt décevant, car leur comportement est tristement timide ! Que les bons citoyens, de quelque bord que ce soit, ne se résignent jamais, car la résignation est un suicide quotidien disait BALZAC ! Et si aucun changement ne pointe à l’horizon, pendant que les haines s’entassent et que les désespérances s’empilent, alors une autre révolution, une vraie cette fois-ci, pourrait remettre les pendules à l’heure !