Par Zouhair BEN JEMAA
« Dieu ne change pas l’état d’un peuple si les individus ne changent pas ce qui est en eux ». (Sourate le tonnerre). Reprenez les déclarations des six derniers ministres de tourisme, recomptez leurs budgets réunis dépensés dans leurs stratégies d’enfumage, et vous remarquerez que les sommes dépensées ont été versées dans un trou sans fond pour une inefficacité totale ! Cette année, nous avons eu les Russes, nous avons eu Noël pendant l’été, mais Noël, ce n’est pas tous les jours. Sinon le tourisme va mal, très mal, et sans un sursaut responsable, l’austérité aura de beaux jours devant elle ! Certes, l’heure n’est pas aux critiques qui affaiblissent, toutes les personnes de bon sens en conviendront, mais il faut faire face à la crise par la mobilisation, et l’action. Le tourisme c’est quoi en fait ? N’est-ce pas voir, satisfaire sa curiosité, découvrir et enrichir sa culture, satisfaire son goût de l’exotisme ? Alors redescendons sur terre et voyons quel est l’état de nos lieux ! Au premier contact avec nos aéroports, et après avoir subi des retards qui se comptent en heures, on est bien prévenu qu’il est strictement interdit de fumer, mais ça pue la cigarette dans la salle de débarquement, et on a de plus en plus droit au vol de ses bagages. Tout au long de nos routes, nous voyons des gravats de chantiers, du plastic, encore du plastic ; nous avons des dos d’ânes construits à la va-vite, parfois sans signalement, sans respect des normes de sécurité, et empoisonnant la vie de tout visiteur qui vient pour la découverte de notre pays ; les vendeurs de carburant ne se cachent pas pour écouler des millions de litres de carburant au black et au nez des autorités. Des nouvelles constructions anarchiques ont jailli un peu partout, ne respectant ni couleur, ni cachet, ni architecture, et trahissant la mémoire des lieux ! A chaque coin de rue, les ordures ménagères rappellent le laisser aller ambiant et empoisonnent l’atmosphère par des odeurs nauséabondes. Dans les zones piétonnes comme Houmt Souk ou la Médina de Sfax, les motos agressent par le bruit de leurs moteurs et polluent par leurs échappements tous les passants sans la moindre gêne. Nos ports et nos Marinas sont sales et leurs environnements sont très peu accueillants. Les odeurs des regards dans ces mêmes zones empestent l’atmosphère et donnent une idée triste de notre produit touristique ! Dans nos médinas, les fils électriques jonchent l’espace et amochent l’authenticité des lieux. Les mariages imposent un bruit infernal, et une musique, souvent de mauvais goût, jusqu’à l’aube, sans que l’on se pose la question si les décibels peuvent gêner nos hôtes ou ceux qui doivent se lever tôt pour aller travailler. Nos hôtels affichent de plus en plus la formule « All Inclusive », mais le mot « All » n’inclut pas, bien souvent, l’essentiel : la qualité de service. Last but not least, sur tout le circuit que parcourent nos visiteurs, on sent un très sérieux problème de formation chez les prestataires de services, lacunes sur notre culture, sur notre patrimoine, sur notre gastronomie ! Ainsi, nous avons reculé en civisme, en culture, en sciences et en environnement. Prenons la zone de Tabarka où nous avons investi un Aéroport international, le meilleur golf de la méditerranée, le meilleur cinq étoiles du pays, promenez vous en ville et autour de la Marina, et dites nous si l’état de délabrement pourrait faire apprécier son séjour à un touriste ! Notre ministre du tourisme a parfaitement raison de dire que le terrorisme est mondial, mais il n’en est pas moins vrai que le tourisme n’a aucune chance de réussir s’il n’est pas soutenu par les ministères du transport, de l’intérieur, de l’environnement, des affaires étrangères, des finances, de la santé… Il y a donc urgence à ce que le chef du gouvernement affiche une volonté de vouloir assurer le bon déroulement de notre activité touristique. La priorité, c’est de donner à nos visiteurs ne serait-ce qu’une impression de sécurité en assainissant l’environnement, en nettoyant les villes et villages ! Ceux qui ont investi leurs tripes dans la Thalassothérapie faisant de la Tunisie la deuxième destination mondiale dans le domaine, ceux qui ont misé sur le tourisme de Santé, ceux qui se sont endettés jusqu’au cou, méritent que l’on leur embellisse le pays, et le produit avec, pour faire barrage à tous ces débiles et ces bandits qui veulent enfermer notre peuple dans la peur et la soumission. Les citoyens doivent lever leurs nez de leurs Smartphones, pour consacrer plus de temps à leurs cités, il faut reconstruire notre société sur de nouvelles bases, et ensuite, nous pourrions élaborer une stratégie, on prépare le produit avant de le vendre non ? Je sais que l’opinion fâche, mais rappelons à nos chers politiques qu’il est parfois bon d’avoir le courage de l’impopularité !