Par Zouhair BEN JEMAA
L’homme d’Etat est celui qui cherche la vérité et se tient dans cette voie difficile et souvent ingrate, mais ce n’est certainement pas celui qui sautille au rythme de l’opinion du moment. Il doit avoir une vision qui fasse rêver son peuple et montrer le bon cap ! Le bon peuple lui, veut qu’on lui dise la vérité et qu’on élève le débat ! Chez nous, chaque gouvernement s’empresse de dénoncer les atrocités laissées par ses prédécesseurs, et nous joue la même ritournelle sur ses bonnes intentions, tout en réalisant qu’il gouverne avec le même Président de la République et sous le contrôle du même parlement. Sans jouer au prophète du malheur, force est de constater que l’on continue à s’enfermer dans le déni et rabâcher les mêmes formules, on prend un élan plus stratégique que sincère pour cause de séduction de l’opinion ! Les Tunisiens sont en pleine déconfiture démocratique, car ils n’ont de souvenirs que l’arrogance et le baratin des politiques. On nous propose une loi de finances qui achèvera à coup sûr ce qui reste de la classe moyenne, ignorant les vraies niches juteuses de l’évasion fiscale, de la contrebande, et de la corruption ! Une bonne politique budgétaire saine est celle qui instaure la vraie justice fiscale, qui pompe dans les dépenses publiques de fonctionnement, et non celle qui va faire les poches à cette Tunisie qui se lève tôt, qui ne vole pas, qui est citoyenne ; cette Tunisie qui n’entend plus contempler les malversations et les excès sans combattre et sans crier halte à la dérive !
Si on parcourait l’état de notre économie, on se rendrait vite compte que la langue de bois dans notre démocratie est ce que la vinaigrette est pour la salade ! Ne nous dit on pas que le tourisme reprend ses forces ? Voici les chiffres qui en disent long sur la santé d’un secteur agonisant depuis près de vingt ans : total des entrées, cinq millions en 2000, sept millions en 2010 et cinq millions en 2015, dont trois millions six cent d’européens en 2000, trois millions huit cent en 2010 et un million trois cent en 2015. Alors ne nous leurrons pas en pensant que les maghrébins et les russes vont assurer la pérennité de notre tourisme. La même tendance concernera les nuitées, les recettes en devises et les taux d’occupation. Arrêtons l’ambigüité qui paralyse ce secteur qui n’aura plus jamais une aussi belle occasion pour être assaini, restructuré et remis à niveau ! Notre système de Santé n’a pas besoin de moyens supplémentaires, mais plutôt d’éradication de la corruption et de la malversation qui, à elles seules procureront suffisamment de moyens pour une meilleure efficience des soins et une meilleure proximité du citoyen ! Notre jeunesse vacille entre une énorme attente et un désespoir profond, notre société s’enfonce dans l’obésité, dans la violence, dans la drogue, dans l’inculture, alors qu’un pouvoir républicain devrait imposer excellence et citoyenneté pour mettre en place de vrais incubateurs culturels ! Notre agriculture et notre industrie pourraient assurer l’embauche de dizaines de milliers d’emplois si seulement les chômeurs faisaient un petit effort de recyclage et de formation ! Les recettes ont beau être classiques, elles n’en sont pas moins efficaces. Il est temps d’encourager le travail et l’innovation, et de respecter l’équilibre entre les ressources et les emplois tout en réduisant les dépenses publiques. Il est temps de neutraliser cette caste de privilégiés qui s’est hissée au dessus de toute justice grâce à l’argent sale qui pue l’illégalité. Il est temps de rompre avec les compromis qui ne tiennent pas, les dénis de la réalité et les demi-mesures. L’Etat doit être plus innovent, plus ouvert à la société civile pour réussir dans sa gestion des chocs ; nous n’avons pas un problème de spécialistes, mais bel et bien un problème de conscience, de clarté et de sens de responsabilité !