Par Zouhair BEN JEMAA
Tel est le titre qu’a choisi la fondation Rambourg Tunisie pour nous régaler dans un lieu magique avec trois cent œuvres qui résument une tranche de notre histoire, et non des moindres car il s’agit d’une époque qui a été maladroitement écartée alors qu’elle représente un intérêt historique de grande facture ! Il s’agit d’abord d’un lieu : le palais Qsar es-Saïd qui fût la dernière demeure des Beys de la Tunisie Ottomane jusqu’à l’avènement du protectorat français, d’ailleurs c’est dans l’un de ses salons que le traité du Bardo a été signé en 1881. Ce palais est en état de délabrement et notre mémoire collective nous dicte de sauver ce monument en détresse ; ensuite, ce lieu magique nous livre sur un plateau trois cent œuvres qui symbolisent cette période charnière 1837-1881 qui a vu apparaître les premiers textes de droit constitutionnel instaurant l’égalité de droit et la liberté de culte pour chaque citoyen tunisien, à l’image du « DOSTOUR » de 1861, première constitution du monde arabe et musulman, y compris la Turquie ! Imaginez vous devant le manuscrit qui avait scellé l’abolition de l’esclavage, et pensez en même temps à ces débiles qui veulent restaurer l’esclavage en 2016 ! On ne dira jamais assez que notre drapeau date de cette époque, que notre école SADIKI date de cette époque, pour que le monde extérieur nous respecte, il nous incombe de lui faire connaitre toutes les grandes richesses de notre patrimoine. Nos historiens devraient commencer à écrire la vraie histoire, loin des interférences du moment, pour qu’on puisse l’enseigner aux enfants dès l’école primaire, la dignité passant par là, c’est ainsi que nous pourrions éclairer notre mémoire qui couvre tout notre passé commun ! L’histoire d’une nation est une et indivisible, être patriote, c’est avant tout être jaloux pour la richesse civilisationnelle de son passé ! Dès l’indépendance, il y a eu un dysfonctionnement structurel qui a mis en bernes cette période de grandes réformes et c’était dommage ; après le 14 Janvier 2011, certains acteurs n’ont pas eu le courage de dire simplement qu’il y a eu tromperie sur cette époque. L’exposition du palais Qsar es-Saïd fait un parallèle entre la fin du 18ème siècle et la période que nous vivons actuellement, cela se traduit par la soif de réformes que nous exprimons, et la tentative de ces barbares qui veulent nous tirer vers les ténèbres !
Toute notre civilisation a été bâtie par le travail et la volonté d’aller vers l’avant, alors accrochons nous au savoir et aux lumières pour rendre à la culture ses lettres de noblesse, dommage que le budget du ministère de la culture avec toutes ses structures ne soit pas à la hauteur de l’ambition de notre jeune ministre qui affiche une sincérité dans sa volonté de soigner l’image de son pays à l’intérieur comme à l’extérieur ! Cette exposition doit être un bon outil pour la préparation d’incubateurs culturels qui protègeront la jeunesse de demain de toute forme d’extrémisme. Un nouveau cycle de la vie culturelle du pays vient de voir le jour, notre patrimoine commence à relever la tête, Il incombe aux organisateurs de cette belle réalisation de ne pas oublier les régions souvent exclues des fêtes nationales. Cette initiative vient pour nous réconforter sur l’avenir du partenariat public privé dans le domaine de la culture. Un nouvel élan de solidarité doit permettre la restauration de cet édifice sublime qui nous offre sur un plateau une symphonie de réconciliation avec notre patrimoine et notre belle histoire. La société civile, même déplumée, a du pain sur la planche pour essayer d’insuffler à nos jeunes une bonne dose d’ambition, de rêves et surtout de confiance en l’avenir ! Les bons citoyens se doivent de faciliter, voire de sponsoriser, les visites de cette grande exposition aux enfants des quartiers et des écoles, il suffit d’organiser un transport pour des groupes de jeunes, c’est gratuit pour les moins de 18 ans, 3 dinars pour les étudiants et 5 dinars pour les adultes, autant dire le prix de quelques glibettes blanches importées de Turquie !