jeudi 21 novembre 2024
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Les Toubibs jetés aux chiens

Par Zouhair BEN JEMAA

Il suffit de sillonner la Tunisie profonde et d’observer l’activité médicale pour se convaincre que notre système de santé vit dans un état piteux ! Quand les colères montent, quand la démoralisation envahit l’ambiant, beaucoup plus dans le secteur public, il faut s’attendre à de pires réactions, et sans une prise de conscience, à la faillite du système ! Le médecin a pourtant été formaté pour lutter jusqu’au bout contre la mort, et quand il échoue, il porte le deuil de son mort pour très longtemps encore ! Le professionnel de la santé, qu’il soit médecin ou aide soignant, a constamment peur de la maladie, peur de la mort de son patient, mais cela ne l’empêche pas de faire semblant de tout maitriser pour le plus grand bien des malades, quitte à ce qu’il s’use intérieurement par le stress. Le corps médical, toute catégorie confondue,  aurait été abandonné, il souffre d’un manque aigu de matériel, d’effectifs et de formation, les CHU n’ont plus les moyens de leur vocation et se trouvent en baisse de rendement, engloutis qu’ils sont dans les fausses urgences. La profession n’en peut plus d’être méprisée, piétinée dans l’insécurité ; elle veut en découdre avec tout le monde : politiques, lobbies destructeurs, certains médias de bas de page. Cette noble profession n’est plus réceptive aux discours et aux promesses, elle exige des actes et du concret. On ne parle pas d’excellence qui peut avoir un coût exorbitant, là il est question de bonne gouvernance, de reconnaissance et d’authenticité ! Les récents accidents qui ont déferlé la chronique d’une certaine presse qui ne sait que reprendre l’histoire de l’homme qui vu l’homme qui a vu l’ours ! Des accidents du métier ont été repris et gonflés par les ventilos d’une presse méprisable et gluante, une presse qui ne se nourrit que de buzz, une presse qui se fait un malin plaisir à lancer un déferlement d’invectives qui affole et excite le citoyen lambda, et qui somme toute, n’est qu’une galerie de minables ! Pour l’instant le politique ne propose que des demi-mesures ou des mauvaises dispositions qui, en fin de compte, mécontentent tout le monde, patients et professionnels. Il ya trop de bêtises et trop d’ambiguïté qui paralysent le secteur de la santé. Ce constat amer ne doit pas nous leurrer d’autres réalités non moins menaçantes : l’existence de brebis galeuses dans le système, l’existence d’un aggloméré de raclure qui sévit dans la corruption et la malversation, une caste de ripoux qui s’accroche à ses privilèges comme une moule à son rocher, des milices mafieuses qui déploient leurs activités selon des agendas et des alliances aussi mouvantes que le sable du désert, et qui n’accepteront jamais qu’une réforme soit contraire à leurs intérêts même si cette réforme servait l’intérêt du pays !

Le combat des médecins est un combat juste, le secteur public est beaucoup plus menacé que le secteur privé, et l’histoire de la fiscalité ne devrait pas trouver de place dans l’actualité brûlante qui concerne la sécurité et la survie de tout un corps, un corps qu’on veut accuser, voire emprisonner sans enquête, sans expertise, sans preuve d’erreur médicale, un corps qu’on jette aux chiens ! Si l’on veut que notre médecine ne recule pas, si on veut que le chemin des professionnels qui se donnent avec abnégation pour servir la santé soit moins cahoteux, si on veut garantir les droits du patient loin des interférences politiques, il serait peut-être judicieux de dépoussiérer le Conseil Supérieur de la Santé, de le mettre à jour, et de l’appliquer pour le plus grand bien de l’avenir du système de santé qui voit son pronostic vital engagé !!!

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