Par Zouhair BEN JEMAA
Il faut remonter à la fin du XIXème siècle pour retrouver l’origine de la fête du travail, et le premier mai est devenu férié pour commémorer l’obtention de la journée de huit heures après de longs et fastidieux combats ! Nous sommes donc passés de l’esclavage à la dignité ! Et au-delà de l’accomplissement du travail et de sa rémunération, il faut goûter à l’essentiel, c’est la contribution à l’essor économique, à l’édification de l’Etat souverain et au développement qui permettra aux chômeurs de renouer avec la dignité en trouvant du travail à leur tour : là on plonge dans le patriotisme !
Où sommes-nous de cette culture, et de ce devoir de permettre à l’économie de se développer grâce à une bonne croissance ? Hélas, nous nous enfermons dans le déni en rabâchant les mêmes formules, laissant au vestiaire toute notion de patriotisme et de sens de responsabilité ! Toutes les explications du monde ne justifieraient pas le comportement de la centrale syndicale, débordée qu’elle est par ses bases, et qui consiste à défendre l’indéfendable, à savoir les privilèges tout en ignorant la moindre notion de rendement ou de résultat ! Pas de dérobade, en matière de chômage, de formation professionnelle, la Tunisie doit s’en prendre à elle-même. Il nous manque une union autour d’une approche politique pour faire échec à la tétanie que provoquent certains aigris et leurs sbires !
Pourquoi rester enfermé dans la bulle politique, le pays a besoin de compétences, et non d’arrangements d’épiciers entre partis. Pour ma part, je n’ai jamais été admirateur de Néji Jalloul, mais son éviction un 1er mai est une flagrante soumission au diktat d’un syndicaliste aigri, le patriotisme doit passer par là également. Bien sûr que le gouvernement va vite noyer cette éviction dans les insignifiances du discours politique ! Et nous nous étonnons pourquoi nous sommes en pleine déconfiture démocratique, les Tunisiens se désolidarisent de la chose publique car ils n’ont de souvenirs que l’arrogance, l’incompétence et le baratin des politiques. Le patriotisme nous dictait pourtant de privilégier la compétence et le dévouement pour sauver le pays de ses ennemis que sont le terrorisme et la corruption ! Heureusement que notre armée et nos forces de sécurité restent fidèles et compétents pour nous épargner le pire, mais ces forces de l’ordre ont plus que jamais besoin de la culture citoyenne pour réussir dans leur noble tâche. Servir la liberté est un acte fondateur de citoyen !
Le contraste se trouve dans les gestes : nous avons vécu un évènement à la pointe nord à la Marsa, quand une ministre de la République se déplace pour inaugurer une boulangerie sous enseigne française, pendant qu’à la pointe sud à Tataouine, des citoyens en colère brûlent leurs factures de la Steg en groupe ! La Tunisie d’en haut et la Tunisie d’en bas. Il faut de toute urgence établir un pont qui relie les deux Tunisies et instaurer la paix durable ! A défaut d’excellence, assurons au moins l’authenticité. Le patriotisme enfin, doit concerner le peuple, ce bon peuple qui quand il n’est pas coupable, il se trouve complice de l’incompétence et de la corruption par son inaction et son silence ! La gestion de nos affaires est calamiteuse, et nous nous habituons à la médiocrité, au point que l’indécence n’ait plus de limites. Alors que nous sommes en attente d’un véritable parti réformateur qui sert le pays avec abnégation et patriotisme, ceux qui nous gouvernent agissent d’une manière aveuglément suicidaire ! Le peuple s’est fait avoir par la constituante, ensuite par le gouvernement de la Troïka, et puis par ceux qui nous ont menés à la situation où nous nous trouvons à présent ! Aujourd’hui, la colère le dispute au dégoût chez le peuple accablé par le spectacle pitoyable et sordide des élites qui gouvernent, et qui, pour certains, sont inutiles quand ils ne sont pas dangereux !