S’il y a bien un volcan en Tunisie qui risque un jour d’exploser, ça serait bien le secteur de la santé publique !
Les manifestations internes de ce volcanisme ont bien commencé depuis plusieurs années mais peu prêtent attention à ses mini-explosions. La situation est devenue en 2017 très alarmante puisqu’un bon nombre de nos valeureux médecins, jeunes et moins jeunes, ont décidé, pour différentes raisons, de poursuivre leur carrière médicale à l’étranger : en Allemagne, en France, au Canada et dans les pays du Golfe. La plupart, partent pour poursuivre leurs rêves de spécialité ou de surspécialité et pas uniquement pour des raisons financières comme nous semblons vouloir s’y plaire à croire.
Parlons plutôt de ceux qui ont fait le choix de rester en Tunisie et notamment dans le secteur public. Ceux que nous félicitons pour leur dévouement de temps à autre et que nous accusons de non patriotisme et de non professionnalisme selon la météo médiatique du moment.
Nous ne nierons pas, le fait que le secteur de la santé, comme tous les secteurs dans le pays, a été mutilé par la corruption, les ristournes entre les différents prestataires de santé, la désertion des postes du travail, le détournement des malades et la dégradation de la qualité des soins et de la qualité de la formation dans différentes structures de santé publique au fil des années. Bien au contraire, nous le dénonçons !
Mais qu’en est-il du rôle de l’état ? Qu’en est-il du rôle des syndicats ? Qu’en est-il du rôle de l’ordre des médecins ? Qu’en est-il du rôle de la société civile ? Nous ne nous aventurerons pas à définir le rôle de chacun mais nous vous invitons à y réfléchir. Ce qui est sûr, c’est qu’en absence de politique de sauvetage de la santé publique, les médecins qui croient encore que de beaux jours viendront sont de moins en moins nombreux. Pourquoi ne pas prendre le cas du CHU Habib Bourguiba de Sfax, comme hôpital pilote à remettre sur les rails?
Ce serait un bon défi à relever pour toutes ces instances que nous avons précitées. Nous y trouvons de tout : mauvaise gouvernance avec un déficit budgétaire estimé à 33 milliards, un abus de pouvoir de certains syndicalistes auto-proclamés « bien faisant », un niveau d’hygiène inférieure à 10 % selon un rapport d’inspection établi en 2015 et de nombreux médecins pratiquant l’activité privée complémentaire de façon abusive, sans toutefois généraliser bien entendu.
Ce CHU n’est certainement pas le seul mutilé en Tunisie mais dénoncer tous les maux, dans tous les hôpitaux, reviendrait à noyer le poisson dans l’eau et diluer les responsabilités de tous.
Si chacun de nous, arrive à honorer sa part du contrat dans l’opération de sauvetage de cet hôpital et que tous les coupables soient sanctionnés, nous pourrions copier ce modèle pilote dans tout le pays, se référant au proverbe tunisien qui dit : اضرب القطوسة تتربى العروسة
Fourmiz : mouvement citoyen tunisien, initié par des professionnels de la santé, ayant décidé de dénoncer la corruption dans le secteur de la santé. Convaincus qu’ensemble et avec l’aide de tous les patriotes, nous pouvons réussir à casser les tabous sur les maux de la santé. Notre symbole est la fourmi car elle incarne la persévérance. Rejoigez les fourmiz sur Facebook.