Par Zouhair BEN JEMAA
Les Tunisiens vivent une fracture profonde qui s’est traduite par des inégalités culturelles et géographiques. Nos forêts brûlent partout dans le pays, cramant au passage maisons et animaux ! Qui s’en émeut de nos politiques, occupés dans leurs basses magouilles ? Nos barrages se vident à vue d’œil à cause de la sécheresse, notre installation d’irrigation défaillante nous fait perdre la moitié de notre eau pour cause de mauvais entretien ! Qui des politiques mesurent la lourde menace sur le devenir de notre arboriculture, et des conséquences dévastatrices pour nos agriculteurs ? La faillite de notre économie est annoncée, et il ne nous manque que l’information sur la date de son avènement ! Pendant ce temps, notre vaillant ministre du commerce et de l’industrie nous assure qu’il n’y a pas moyen d’arrêter les importations ! Depuis Janvier 2011, les classes moyennes ont été déclassées, et les classes populaires ont été sacrifiées. Pour le moment, les Tunisiens ont décidé de s’amuser, même à crédit pour oublier la terreur et surmonter le stress, mais pour combien de temps encore ? Pour plus de la moitié de nos ministres, il n’existe aucune vision pour résoudre les souffrances des citoyens. Youssef CHAHED, léché hier, est lâché aujourd’hui, et sera très probablement lynché demain ! Les mêmes qui l’encensaient hier, veulent le casser aujourd’hui ! C’est un secret de polichinelle que de parler de l’incompétence de bon nombre de ministres, mais le chef de gouvernement sait très bien qu’il a les mains liées dans le dos pour pouvoir agir à sa guise et assumer ses responsabilités ! On a l’impression que la campagne contre la corruption bat de l’aile, et c’est dommage, car la tactique des vicieux de la politique qui veulent le plus grand bien à notre jeune et dynamique premier ministre, tend justement à baisser l’engouement populaire envers cette campagne pour se retourner contre celui qui a osé toucher à leurs proches et leurs sponsors ! La force de ces faisandés, pourtant corrompus jusqu’à la moelle, c’est de pouvoir hurler partout leur soutien à l’action du gouvernement ! Il suffit de se remémorer le fil de notre actualité pour lever le voile sur l’hypocrisie de ceux qui prétendent nous gouverner : remplacement des gardes forestiers, recrutement et organisation d’envois de Djihadistes par les responsables de l’Etat, embauche massive de fonctionnaires, dédommagement colossaux d’anciens amnistiés, assassinat de plusieurs martyres ! Le dernier show télévisé du Cheikh n’était rien d’autre qu’une confirmation du principe « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ».
Pour rendre service à son pays et écrire l’histoire, Youssef CHAHED devrait foncer sans hésiter pour détruire la fourmilière, et mettre à nu les dépravés qui se baladent encore librement croyant avoir une couverture sûre ! Il ne doit pas laisser tomber l’élan populaire dont il jouit. Les juges dignes, les juges patriotes, les vrais musulmans, cela existe fort heureusement ! Il faut que l’opinion les appelle et leur rappelle le devoir sacré de sauver la nation des mains de ces égoïstes destructeurs ! Dans la sourate les femmes, Dieu dit : « Et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité. Quelle bonne exhortation qu’Allah vous fait ! Allah est, en vérité, celui qui entend et qui voit tout. » Nos bons juges ont un devoir historique devant Dieu et devant les citoyens pour faire appliquer la loi sans se soucier de ces ripoux qui portent le mal dans leur cœur ! Les fonctionnaires compétents, patriotes et intègres, cela existe également, et on peut compter sur leur droiture pour soutenir et aider la campagne contre la corruption. Enfin, les médias professionnels et intègres, ce sera le maillon faible de la chaine de solidarité, car, à part une poignée de gros calibres, les autres sont englués dans le buzz quand ils ne sont pas eux-mêmes enfarinés dans la malversation. Heureusement que nos forces de l’ordre et surtout notre armée nous protègent au péril de leur vie. Dommage que notre démocratie à la tunisienne ne soit qu’un décor, avec une ARP et une constitution qui ne font que donner la couverture aux partis qui nous gouvernent, et leur permettre de transformer leur entente secrète ! Tous les regards sont pointés sur l’opération mains propres, et se posent la question : ira, n’ira pas ? Sans cette fusion entre un peuple et ceux qui sont sincères parmi les gouvernants, il ne nous restera plus qu’à espérer un déclic qui réveillera les Tunisiens de leur torpeur, et qui les mobilisera pour aller chasser tous ces aigris, ces monstres, ces bêtes féroces qui veulent mettre notre pays à feu et à sang !