Par Zouhair BEN JEMAA
Voici une citation de Jean Jaurès que beaucoup de nos ministres et nos journalistes gagneraient à s’approprier : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques » ! Au lieu de courir après le buzz et de s’exciter sur des pétards souvent mouillés, nos journalistes auraient mieux fait de s’occuper du quotidien de nos citoyens qui se démènent pour réussir l’éducation de leurs enfants, pour bénéficier de soins de qualité, et pour subvenir à leurs besoins vitaux ! Parmi les points positifs du récent remaniement ministériel, on retient le changement d’équipe à la tête de la santé. La ministre partante aura brillé par son inertie dans le scandaleux dossier CHU H. Bourguiba, par son décret d’équipements lourds, par sa réhabilitation de certains responsables reconnus coupables de malversations ! La priorité du nouveau locataire, financier de formation, devrait être la guerre à la corruption car tout les maux de notre santé passent inévitablement par cet incroyable vivier criminel dont dispose la puissante pègre qui étrangle notre économie nationale ! Et comme dans toute guerre, la stratégie consiste à déterminer les priorités, celle du moment est de s’attaquer sans faiblesse au terreau de la corruption ! Cette gangrène qui regroupe des sans foi ni loi à tous les échelons de la république : des groupes qui puent les conflits d’intérêts, des élus sans scrupules, des professionnels véreux et cupides, des responsables au sein même du ministère de la santé ! Il est temps de distinguer entre promettre et agir. Il est temps de revoir les circuits de contrôle et d’autorisation de mise à la consommation (AMM) des médicaments pour s’assurer qu’il n’y ait ni conflit d’intérêts, ni traces de corruption ! Un nouveau vent d’inquiétude et de crainte est levé, c’est celui des médicaments qui présente une urgence brûlante : rareté pour certains, pénurie pour d’autres, ce qui provoque la désolation des professionnels et met en danger la vie de nos citoyens, et surtout les plus démunis d’entre eux ! La pharmacie centrale qui a toujours été un rempart contre la contrefaçon et un régulateur du marché, est noyée dans les dettes, et certains voudraient pousser les pouvoirs publics à la privatiser, ce qui serait certainement le coup fatal dans le dos de la santé publique. On ne se gêne plus de voir la vente des médicaments étalés dans les souks et autres marchés ambulants. Les professionnels intègres souffrent, ils se sentent abandonnés, souvent humiliés par les ripoux et les voyous. L’insécurité se propage dans nos établissements de santé ! Alors monsieur le nouveau ministre de la santé, il est temps d’écouter tous ceux qu’on ne voulait pas entendre ! L’expansion des inégalités est déjà programmée, et la centrale syndicale dont la principale vocation est justement d’empêcher ces inégalités, gagnerait beaucoup à sortir de l’ambiguïté et mettre en avant des responsables intègres et sans reproches. L’UGTT doit se ranger du côté de la vérité, du côté du bien-être des citoyens, et du côté de ce bien si précieux : la laïcité !
Pour revenir aux problèmes épineux de notre santé publique, il faut savoir que nous avons depuis belle lurette commencé à pomper dans nos stocks stratégiques de plusieurs médicaments comme le colimycine injectable, un antibiotique qui pourrait sauver des vies en cas d’infection à des germes qui seraient résistants à tous les autres antibiotiques ; le paracétamol IV, largement prescrit comme antalgique ; la vitamine K pour lequel il n’y a pas d’alternative thérapeutique en cas de besoin, et la liste est très longue. Nous allons tout droit vers la rupture, et la vie des gens est en jeu ! Franchement, cette situation chaotique confirme, si besoin était, que notre démocratie est bien une coquille vide. Et comble de l’histoire, on montre du doigt tout acteur civique qui signale des corruptions ou des manquements graves à la loi ! Il est un devoir citoyen que d’enquêter sur tel groupe pharmaceutique qui se comporte en mafieux pour réaliser des bénéfices sur le dos de la communauté, il est impératif d’enquêter sur la transaction des cabinets fermés surdimensionnés pour la collecte des déchets septiques, il est urgent de prioriser le chantier sur la responsabilité médicale, il est grand temps d’arrêter la mascarade de l’APC ! On attend que la nouvelle équipe contredise ceux qui se sont vautrés dans la bassesse cynique en étant complices de malversation et de corruption !