Par Zouhair BEN JEMAA
Les spéculations tragi-comiques auxquelles nos politiques s’adonnent, nous éloignent chaque jour un peu plus de la démocratie, et du redressement économique ! Les Tunisiens ont de plus en plus honte du mode de gouvernance de leur pays. Les mots Démocratie et Constitution sont synonymes de gags chez l’écrasante majorité des citoyens qui ne comprennent plus rien des comportements de leurs administrations : un despotisme à l’orientale qui refait surface, une corruption qui gangrène tous les secteurs, une violence qui s’empare de tous ceux qui ne reconnaissent plus la suprématie de la loi, des débiles qui abhorrent notre culture et rejettent notre histoire ! Et en face, nous avons des exactions, des passe-droits, des non-respects des lois de la part d’administrations multi-tendances composées en partie de tourneurs en rond !
Nous sommes encore otages de vieux démons qui, cachés derrière une apparence religieuse, condamnent toute ouverture sur les lumières ! Hélas, trop rares sont ceux de la classe politique, qui prennent conscience de la situation catastrophique du pays. Sinon comment expliquer que les catastrophes se suivent sans que l’on n’ait jamais sanctionné un coupable ? La dernière en date est l’horrible effondrement d’un immeuble à Sousse laissant six cadavres et quatre blessés graves ? Dans tout pays civilisé, et pour moins que cela, le ministre de l’équipement aurait démissionné ! Gageons que l’enquête n’amènera rien de nouveau ! Que Dieu rende justice aux victimes !
Plus proche du site de Carthage, la Jadis capitale du monde civilisé, deux tourtereaux s’embrassent dans une voiture, sans tapage, sans gêner la circulation, et sans manquer de respect à la société, se font coffrer et se voient condamner à une vitesse déconcertante à des peines lourdes pouvant les détruire à jamais ! Et pendant que tout cela se passe, les deux cent neuf partis politiques qui se targuent d’avoir amené au bon peuple une démocratie mondialement saluée, ne se sont pas pressés vers les micros et caméras pour s’indigner et hurler leurs refus de l’injustice ? Quand les politiques se manifestent, c’est pour nous envoyer un gluant populiste, un cireur de pompes célèbre, un donneur de leçons qui va entrer dans d’homériques colères, qui va hurler, trépigner, insulter, tant il ne supporte pas la contradiction ! Cela aurait été plus profitable pour l’économie si ces gueulards de service hurlaient contre l’indiscipline, contre la paresse, contre la magouille que connaît le pays depuis sept longues années ! Heureusement que les Tunisiens ne sont pas du tout dupes de ce cirque de série B, qu’essaient de nous jouer les deux partis complices qui forment, il est vrai, une minorité agissante ! Si la majorité silencieuse ne se réveillait pas, il est à craindre que l’histoire soit faite par ceux qui font le plus de bruit !
Jusqu’à présent, nous avons fait une marche arrière fulgurante dans tous les domaines, et sans un sursaut collectif, sans une mobilisation citoyenne, nous ne pourrons pas éviter d’être tous jetés dans la machine à essorer ! L’exode de nos meilleurs éléments en médecine, en informatique, n’émeut personne de ces centaines de partis bidons qui font de la figuration, et qui légitiment par leur inaction, les deux partis au pouvoir. ENNAHDHA et NIDA ont compris leur intérêt à s’associer pour le meilleur et pour le pire, et voilà nos libertés qui vont trinquer à la santé de la dictature soft ! Les viols de gamins, les crimes quotidiens, l’explosion des maladies mentales, le record des fumeurs de hachich, ne préoccupent point nos politiques, comprenne qui pourra ! Il est urgent de rendre le service civique obligatoire, et il n’est pas trop tard de rassembler toutes nos forces de la vie en communauté pour surmonter notre isolement.
Que l’on ne s’y trompe pas, aucune chance de faire bouger les choses sans le quatrième pouvoir, ces médias qui s’adonnent plus à leurs audimats et leurs rentrées publicitaires qu’à leur mission sacrée : la recherche de la vérité et la dénonciation des sans foi ni loi ! Nous avons un énorme déficit de citoyenneté et de patriotisme ! Et ceux qui sont en charge de la gouvernance, sont solidairement responsables de tout ce qu’ils cachent à l’opinion par calcul politicien, et par opportunisme exagéré ! Puisse Y. CHAHED s’entourer de compétences citoyennes et s’attaquer à toutes les mauvaises graines en commençant par ceux de la première ligne !