jeudi 21 novembre 2024
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La difficile refonte de nos services publics

«Ce n’est pas parce que notre État, nos services publics, nos administrations présentent des défauts qu’il faut remettre en question le concept même de service public.” (Dominique Méda/sociologue)

Au lendemain de l’indépendance, la Tunisie a su mettre en place une organisation forte de l’Etat, appuyée par une administration structurée et tournées vers les citoyens ainsi que vers l’encadrement de leurs besoins suivant les priorités retenues et les ressources disponibles.

Cela avait permis la mise en œuvre, avec une certaine réussite, de politiques nationales structurantes, telles que celles de l’Education, de la Santé, du planning familial, de la maitrise des eaux…

L’enthousiasme des premières années passé, l’administration tunisienne n’a pas su évoluer et se moderniser.

Il était pourtant primordial qu’elle le fasse ; tant les mutations que vivait le pays étaient importantes.

Au lieu de cela, elle a continué à accomplir ses missions sans se soucier des besoins d’un pays en plein développement; ni des nouveaux défis auxquels il devait faire face.

Ainsi point d’amélioration de la qualité des services rendus comme l’exigeaient des citoyens plus conscient de leurs droits; point de stratégie et donc de réformes pour satisfaire des milieux d’affaires soumis à la concurrence d’autres pays émergeants.

Si la crise des services publics a été longtemps contenue par un pouvoir public autoritaire, elle est devenue perceptible à tous depuis 2011, avec une dégradation continue des prestations offertes aux citoyens dans les différents domaines.

Pourtant, le nombre des salariés du secteur public, fonctionnaires et employés des entreprises relevant de l’Etat, n’a cessé d’augmenter et bien souvent de manière disproportionnée voire irréfléchie; sans apporter pour autant plus d’efficacité.

Les critiques, récurrentes, pointent du doigt à la fois le manque de moyens général d’un secteur public en pleine décomposition, mais également l’absence d’équité, de motivation et de rigueur dans la gestion des ressources humaines.

Cependant, les cadres et les agents publics ne doivent pas être épargnés, eux-aussi, par les critiques. Ils sont tout aussi coupables de la détérioration continue du service public. Leur conscience professionnelle, leur engagement, leur rigueur, leur probité et leur sérieux sont mis en doute alors que la corruption semble sévir à tous les niveaux et partout.

Cette situation s’est encore aggravée par les nombreuses, et bien souvent excessives, revendications économiques et sociales fusant de toutes parts.

Sur ces plans, les gouvernements qui se sont succédés, et qui étaient censés remettre sur les rails nos service publics, semblent avoir jeté l’éponge et assistent, impuissants, à leur déclin.

Et pourtant…

Pourtant quand nous parlons de services publics, nous parlons de domaine vitaux pour notre pays tels que :

  • Le service public de l’Education Nationale, en proie à des tiraillements continus avec l’UGTT, au grand désespoir de familles consternées quant à la qualité de l’enseignement rendu et inquiètes pour l’avenir de leurs enfants;
  • Le service public de la Santé dont le dépérissement a atteint son apogée avec le scandale des stents périmés et la pénurie des médicaments;
  • Le service public de la Sécurité Sociale, en faillite et qui ne survit que grâce aux subsides du budget de l’Etat; et achevé tout récemment par l’inculture de nos députés qui ont rejeté son projet de réforme ;
  • Le service public de la Justice, qui est en quasi détresse et qui, à terme, risque de ne plus servir la justice dès lors qu’il sert déjà si mal le public;
  • Le service public des Transports qui fait le désespoir au quotidien des usagers.

Autant de services publics, et bien d’autres, aux missions primordiales pour la population et qui doivent avoir, d’abord le soutien sans réserve de nos gouvernants, mais également les moyens humains et financiers pour mieux fonctionner, se moderniser et améliorer le service que le citoyen est en droit d’attendre.

Or la crise politique, interminable et irresponsable ne cesse de pénaliser la bonne marche des affaires publiques et la médiocrité des services rendus à la population apparaît aujourd’hui comme une évidence ; malheureusement.

Il est évident que les services publics, qui constituent le nerf de l’Etat et le seul recours de l’écrasante majorité de nos concitoyens, doivent être totalement repensés pour les rendre plus performants et moins coûteux pour la communauté nationale ; cet effort global, impliquant toutes les parties, doit être entrepris dès à présent. Il y va de la pérennité de notre modèle de développement.

Avis aux bonnes volontés …s’il en reste !

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