A l’époque de Feu Mahmoud MATERI, la morale dictait les actes de tous les intervenants de la société, le patriotisme était le principal leitmotiv, et le médecin était le symbole du savoir et de l’art, les citoyens voyaient en lui un demi-dieu. Aujourd’hui, c’est le désordre total, le Médecin n’a pas confiance en son conseil de l’ordre, et le patient n’a pas confiance en ses médecins ! De nos jours, la société est très difficile, certains médecins ne résistent plus à la tentation de l’argent, fut-il sale, et plus que jamais, il faut mettre des barrières qui mettent plus d’ordre, plus d’éthique, et qui, surtout, soignent bien l’image du Médecin. La société est empêtrée dans l’agressivité, dans le laisser-aller et dans l’impunité, et l’urgence est à la protection des médecins de cet environnement exécrable !
Certes, la nécessité de réformer est plus qu’impérieuse, mais a-t-on idée de prétendre réformer quand on est élu avec 6 % des votants ? N’y a-t-il pas un manque flagrant de crédibilité ? A l’image de la politique en Tunisie, un petit groupe peut gagner les élections avec une majorité plus que relative, imaginez 6 % des médecins seulement ont fait l’effort de voter pour élire leur conseil de l’ordre, cela en dit long sur la considération que ces Médecins éprouvent envers leur pièce maîtresse qui règle l’exercice convenable de la médecine ! Faut-il le rappeler, un Médecin est avant tout concerné par le confort du patient, il doit, en son âme et conscience, défendre son patient, s’interdire de prescrire un médicament trop coûteux pour lui, c’est cela être libéral ! En aucun cas, le conseil de l’ordre ne doit autoriser ses membres à agir n’importe comment !
Notre société est de plus en plus perverse, les fautes médicales vont se multiplier encore et encore. Les actes sont de plus en plus agressifs, et le nombre d’accidents va se multiplier. Tomber dans l’erreur est une chose, et commettre une faute caractérisée en est une autre. Un conseil qui se respecte doit défendre l’image du Médecin, être du côté de celui qui a commis une erreur et ne pas hésiter à dénoncer les brebis galeuses. Nous assistons avec désolation à des comportements pour le moins désolants, un président de conseil qui s’affiche à la télévision pour parler d’un cas qui n’a pas encore été jugé. Le rôle de notre conseil de l’ordre actuel dans le contrôle de la déontologie médicale est décevant. Qu’il s’agisse de la prévention des conflits d’intérêts, du traitement des plaintes, ou de la défense du patient, l’opinion est déçue et la communication est plutôt tendue entre le conseil et les Médecins en exercice.
Le conseil de l’ordre ne doit pas être dispensé de s’impliquer dans la régulation du système de santé, en participant avec les autres intervenants à l’élaboration d’une vision, une stratégie et un plan d’action pour rééquilibrer ce système en bout de souffle ! La vraie image que nous ayons du conseil actuel, c’est celui d’un agent de circulation, avec plus d’engagement avec la médecine privée, et presque une distance vis-à-vis de la santé publique, qui se trouve être la seule à assurer la formation des médecins de demain. Hier quand s’était posé le problème des impôts, ou celui avec la CNAM, le conseil s’est démené pour défendre les médecins de libre pratique ; s’agissant des conditions de travail des confrères de la santé publique, des salaires de misère que touchent les seniors, de leurs mauvaises conditions sécuritaires, ou mêmes des risques qu’ils encourent chaque jour un peu plus, alors là, silence radio ! Il est grand temps de revoir le mode d’élections, la représentativité, le rôle même du conseil en 2019, et la dignité du médecin qui s’est effritée jusqu’à l’abîme depuis la belle époque de Feu Mahmoud El Matri qui avait hissé la médecine bien haut dans le monde !
Les élections approchent, les médecins doivent se mobiliser d’abord pour répondre présents le jour du vote, aussi, il faut qu’ils s’unissent autour de ceux qui sont prêts à s’investir pour le bien de la profession et pour le bien du secteur, ceux qui ne se soucieront pas de leur parti politique, car l’éthique médicale ne doit pas céder à la volonté et aux petits calculs des politiciens, la morale l’interdit, et le serment d’Hippocrate également l’interdit, redescendons sur terre et remettons-nous à aimer ce noble métier du demi-dieu le médecin !