Par Zouhair BEN JEMAA
La prolifération des mafieux, et la complicité de certains juges ripoux sont à l’origine de l’affreux marasme dans lequel nous nous débattons ! Neuf ans durant, nous avons vécu dans l’inaction, et nos élus ont été incapables de regarder en face les problèmes du pays. Neuf ans durant, nous avons sucé ce bonbon acidulé qu’est « Ettawafek », et pendant ce temps, tous les vrais débats ont été éludés ! Et à présent, des morveux de la politique s’érigent en chefs de partis et en donneurs de leçons sans réaliser que les jeux étaient faits, que le vrai peuple a fini par vomir tout le système, et nous voilà dans un vrai bourbier, celui de l’anarchisme, celui du populisme et celui de l’inculture ! Mais combien de citoyens, me diriez-vous sont loin de tout ce tableau affligeant ? Oui ils sont nombreux, en fait ce sont ces 3,5 millions qui ont jugé inutile de se déplacer pendant quelques minutes le jour du vote pour mettre un bulletin dans l’urne. Et pour cause, il n’y avait pas quelqu’un qui leur inspirait confiance, il n’y avait pas devant eux un homme d’Etat irréprochable qui incarnait la noblesse de la politique et qui proposait un véritable projet d’avenir pour toutes les catégories sociales. Pour parler avenir, il fallait se mettre d’accord sur la façon d’épurer le passé, ce passé proche si lourd d’hypocrisie et d’égoïsme !
Maintenant les dés sont pipés, nous avons à choisir entre un candidat qui se permet le luxe de ne pas paraître, de refuser les débats et les interviews, un candidat qui incarne l’antisystème qui a réussi à casser le système, un candidat qui a créé l’irréversible ! Et un candidat qui, à l’instar de Pablo Escobar, a réussi à passer entre les mailles du filet en hypnotisant durant des années des pauvres qui n’avaient plus rien à perdre si ce n’est un bout de papier à mettre dans l’urne ! Avec cette élection présidentielle, le simulacre de démocratie a explosé à la figure de ses concepteurs. Pour le peuple, tous les partis sont corrompus, même chez le parti de Dieu, on dénonce une montagne de corruption. Pour le peuple : tous les politiques sont des minables, la justice est éphémère, et donc le temps du jugement est arrivé. En permettant à un taulard, blanchisseur d’argent de gagner le premier tour de la présidentielle, nous sommes devenus la risée du monde, car c’est stupide d’accepter sa candidature et de l’empêcher de mener sa campagne, le summum de l’aberration !
Le plus fort, c’est que tout le monde sait tout ! Qui ne sait pas que le monde médiatique, sensé représenter le quatrième pouvoir, est dominé par des milliardaires qui n’ont pas froid aux yeux et qui s’assoient sur la morale ? Qui ne sait pas que les hommes d’affaires se ruent vers les candidatures pour décrocher ce blanc seing qu’est l’immunité et se vouer à loisir à leurs manigances ? Qui ne sait pas que la plupart des campagnes électorales ont été financées par de l’argent sale en total dépassement des normes de l’ISIE ? Qui ne sait pas que seul l’endettement extérieur et intérieur, ainsi que le déficit commercial sont les deux pompes qui ont maintenu le pays en vie, et que du jour au lendemain, notre économie peut s’écrouler à vue ? Qui ne connait pas l’enrichissement illicite d’une grande frange de la classe politique, et qui ne sait pas que plus de cents candidats aux législatives sont poursuivis pour corruption et malversation ? Et l’on peut passer le week-end à énumérer les hypocrisies du système !
Le deal à présent, une partie du peuple, la plus active, a décidé de reprendre les rênes de la révolution, elle exige des réalisations, de l’application des lois pour tous, de la justice sociale, des impôts plus justement prélevés, et plus équitablement répartis. Cette partie du peuple n’en peut plus d’attendre ce qu’elle ne voyait plus venir, game over again ! Tout le peuple ne veut plus que des politiques piochent dans tout ce qui peut leur apporter des subsides, en contournant la loi, et en mettant à l’abri, et loin des regards à l’étranger, toute leurs fortunes gagnées en volant, pour prendre la poudre d’estampille à la moindre odeur du cramé. Dommage, car vu d’avion à l’atterrissage, la vue de notre pays est époustouflante, l’étranger ne peut pas deviner la réalité du terrain, la saleté de l’environnement, la débilité d’une bonne partie du peuple, le degré d’égoïsme des ripoux de service, le degré d’incompétence de la plupart des gouvernants du moment, et surtout le degré de démission des compétents de la nation !
Dans notre deuil de la présidentielle, au lieu de nous unir autour de la famille et nous solidariser pour mieux passer le cap, au lieu de rappeler ce qu’il en coûte d’élire des représentants populistes, anarchiques et égoïstes, au lieu de prendre conscience qu’il est grand temps de passer du laisser aller absolu à la tolérance zéro, nos zozos de la politique se plaisent à se battre à couteaux tirés et ne réalisent pas le danger qui nous guette, ni les machinations qui se trament à l’étranger contre notre Patrie ! A quand notre structure politique va-t-elle se solidifier ? Quand est-ce que nos citoyens inconscients et égoïstes vont-ils se lever pour leur Patrie et pour leurs progénitures ? Quand allons-nous nous unir autour d’un changement de modèle de vie qui nous libère des tentacules mafieuses et des hypocrisies religieuses, quand allons-nous redevenir les Tunisiens d’Alyssa et d’Ibn Khaldoun ? Nous avons perdu la bataille des présidentielles, ne pourrait-on pas prendre ce mal pour un bien en criant d’une seule voix, que vive la Tunisie libre, fraternelle, et juste ? Enfin, les difficultés vont commencer au lendemain du 6 Octobre prochain, retenez cette date et assumez ses conséquences ! « Dans la politique comme dans la vie, les demi-mesures et les hypocrisies font toujours plus de mal que les décisions nettes et énergiques. », disait Stefan ZWEIG, A bon entendeur salut !