Par Sarra REJEB
Le transport urbain est en rapport très étroit avec la qualité de vie des citoyens. En effet, la quasi-totalité des déplacements en milieu urbain sont quotidiens dont les motifs sont domicile-travail et domicile-école. Que l’on se déplace à pieds, en deux roues, en voiture ou en transport collectif, le déplacement est pénible.
A pieds : le déplacement est pénible parce que très souvent dans la conception et l’aménagement de nos villes nous oublions le piéton et par la suite dans la gestion des villes nous continuons à ignorer le piéton.
Les trottoirs sont trop étroits ou quand ils sont larges, ils sont occupés soit par les terrasses de café, soit par les voitures qui stationnent dessus (faute de parkings suffisants) soit par les marchands ambulants. La seule possibilité qui reste pour le piéton c’est d’emprunter la chaussée ce qui est dangereux.
En deux roues : le déplacement est non seulement pénible mais dangereux. Là aussi les villes ignorent les deux roues. Les plans de circulation des villes, s’ils existent, sont caducs et nécessitent une actualisation. ils ne prévoient pas de voies réservées aux deux roues et même si elles sont prévues, elles sont très vite envahies par les voitures particulières
En voiture : Les embouteillages pendant les heures de pointe rendent le déplacement en voiture pénible. Par ailleurs, les heures de pointe s’allongent de plus en plus par exemple dans le Grand Tunis, il n’y a plus l’heure de pointe du matin et l’heure de pointe du soir, la pointe dure toute la journée de 7 heures du matin à 7 heures du soir.
La congestion des villes a pour conséquence immédiate un besoin de plus en plus important d’investissement dans les infrastructures routières qui sont très coûteuses pour le budget de l’Etat.
A ces coûts d’infrastructures s’ajoutent une dégradation de la qualité de vie dans les villes, une surconsommation d’énergie, une pollution de l’air, un stress permanent des conducteurs automobiles avec toutes les conséquences sur la sécurité routière.
Enfin l’envahissement de l’espace urbain par les voitures particulières et la congestion des routes font supporter à la collectivité nationale des coûts socio-économiques et environnementaux très importants.Sur un autre plan, l’espace public disponible en milieu urbain est occupé à plus de 90 % par les voitures particulières et les poids lourds laissant une part faible aux piétons, vélos et transport en commun. Au sein des villes où l’espace public est rare, il faut toujours se rappeler ceci en matière d’occupation de l’espace: un métro = 3 bus = 180 voitures
L’insécurité routière est également une autre conséquence de la congestion des villes, en effet, les deux tiers des accidents ont eu lieu dans les agglomérations urbaines.
En transport collectif : Le déplacement est pénible à cause d’un niveau de service très peu performant : fréquences faibles, surcharge aux heures de pointe, dégradation progressive de la vitesse commerciale des bus, absence de coordination suffisante entre les divers modes de transport.
Cette mauvaise qualité de service perçue par les usagers du transport collectif est dû à un certain nombre de facteur dont notamment un déficit d’offre de transport, un vieillissement du parc en exploitation, une absence de priorité de passage des moyens de transport collectif y compris pour le métro et absence de sites propres bus.
A titre d’illustration, l’âge moyen du parc bus de la STT dépasse les 10 ans, celui des rames de métro dépasse les 20 ans et celui des rames TGM a atteint les 40 ans. Les conséquences immédiates de ceci sont des taux de disponibilité du matériel faible et des pannes fréquentes d’où déficit d’offre et surcharge aux heures de pointes avec des densités au m² pouvant atteindre 10 voyageurs
L’offre de transport collectif ne se mesure pas uniquement par le nombre de véhicules mis en exploitation mais également par le nombre de rotations que ces véhicules peuvent effectuer. Vu l’absence de site propre bus, l’absence de priorité de passage et l’état de congestion des villes, pendant les heures de pointes, le niveau de rotation est très faible pendant les heures de pointes et la vitesse commerciale est très dégradée pouvant descendre jusqu’à 6 km/h (vitesse proche de la marche à pieds ou du vélo) rallongeant ainsi les temps de parcours et rendant les voyages de plus en plus pénibles.
Voila le tableau qui décrit le calvaire quotidien des tunisiens.
Est-ce qu’ils sont condamnés à subir cette souffrance et de prendre leur mal en patience ?
jusqu’à quand ?
Est-ce une fatalité ?
Est-ce qu’on ne peut pas mieux faire ?
Est-ce qu’il n’y a pas de solutions ?
Comment ont fait les pays qui ont un transport urbain de qualité ?
Qu’est ce qui nous manque pour mieux faire ? les idées ? les moyens ? la volonté ?
Ceci étant, les questions sont posées, le diagnostic est fait, il manque des réponses à ces questions.