Habiba Menchari, née Habiba Ben Jelleb (1907-1961) est véritablement l’une des pionnière du féminisme en Tunisie.
Dés 1929, elle s’engage et réclame haut et fort l’abolition du port du voile. Orpheline de père, mais soutenue pas sa mère, Habiba est scolarisée à l’école française ou elle obtient un brevet élémentaire au lycée Armand-Fallières. Ce qui est exceptionnel à l’époque pour une jeune musulmane.
Elle trouve un emploi d’assistante du greffier au tribunal de Tunis. Elle y fait la connaissance d’un avocat, Me Abderrahmane Menchari, ancien combattant de la guerre de 14-18. Ils se marièrent en 1925.
Ouvert aux idées nouvelles, Abderrahmane apporte tout son soutien à Habiba quand elle décide de ne plus porter le voile. Il l’encourage encore quand elle adhère à la section féminine de la S F I O (le Parti Socialiste de l’époque) !!
C’est alors qu’Habiba va frapper très fort… Le 8 janvier 1929, elle prend la parole, à visage découvert, dans une réunion publique. Son sujet de conférence a un titre explicite : « La femme musulmane de demain, pour ou contre le voile. »
Son discours est inoubliable, historique : « Nous ne voulons plus de ce voile que l’arbitraire des hommes de notre sang nous oblige à porter…nous n’en voulons plus parce qu’il est un symbole. C’est le symbole de la servitude dans laquelle nous vivons et de la misère matérielle et morale qui décime nos familles et qui nous met à la merci de l’étranger. » Elle aborde avec courage et détermination d’autres thèmes sur la condition féminine, et s’en prend notamment à la polygamie !
Son discours est inoubliable, historique : « Nous ne voulons plus de ce voile que l’arbitraire des hommes de notre sang nous oblige à porter…nous n’en voulons plus parce qu’il est un symbole. C’est le symbole de la servitude dans laquelle nous vivons et de la misère matérielle et morale qui décime nos familles et qui nous met à la merci de l’étranger. » Elle aborde avec courage et détermination d’autres thèmes sur la condition féminine, et s’en prend notamment à la polygamie !
Habiba en est convaicue, la libération de la femme tunisienne doit surtout passer par l’éducation. Elle cite en exemple Tawhida Ben Cheikh, première bachelière tunisienne partie suivre des études de médecine à Paris.
Les réactions dans la salle sont hostiles, et même haineuses ! et la controverse est vive. On l’apostrophe durement et le débat prend rapidement une tournure idéologique et politique. La salle, dans sa grande majorité défend le voile, considéré comme un symbole de l’identité culturelle tunisienne.
Pour l’anecdote, probablement contre son intime conviction, Me Habib Bourguiba dénoncera le geste de Habiba Menchari, au nom du Vieux Destour…et pour des raisons de priorités politiques. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Habiba Menchari n’interviendra plus dans la vie publique. En privé, elle demeure cependant inquiète face à une Tunisie qui ne se conçoit plus qu’arabo-musulmane. Mais ses idées feront lentement mais surement leur chemin…
Et 28 ans plus tard en 1956, le même Bourguiba, instaurera un programme ambitieux de laïcisation et d’émancipation des femmes tunisiennes en instaurant le libre consentement au mariage, en prohibant la polygamie et en interdisant le port du voile dans les écoles et dans les administrations ! Habiba Menchari encouragera l’ambition de sa fille Leïla qui fera la carrière que l’on sait, et elle incitera le jeune Azzedine Alaïa à aller tenter sa chance à Paris…
Habiba Menchari, un destin exceptionnel…une tunisienne qui doit absolument trouver toute sa place dans l’histoire de notre pays.