Non assistance à pays en danger !
Aujourd’hui tout le monde ne parle que du Fakhfakh gate, en référence au fameux scandale du Watergate, une affaire d’espionnage politique qui aboutit, en 1974, à la démission de Richard Nixon, alors président des États-Unis.
Le suffixe « gate » est depuis lors entré dans la culture populaire, étant accolé à la dénomination de toute forme d’affaire d’État ou de scandale d’ampleur.
Revenons en Tunisie, en pleine phase de construction démocratique, la question qui se pose est quelle est l’ampleur de cette affaire de conflit d’intérêts dont est accusé le chef du gouvernement ?
Nécessite-t-elle une démission ou un retrait de confiance ?
Quelle position devrait prendre Elyes Fakhfekh qui a rejeté toutes les accusations à son encontre allant jusqu’à défier les parlementaires, provoquant leur colère, mais celles des citoyens aussi qui demandent certes un chef fort mais aussi humble. Tout le monde est sur les starting-blocks pour voir les résultats des différentes enquêtes. En fait tout le monde- je parle ici essentiellement des partis au pouvoir et des institutions de l’Etat- essaye de gagner du temps pour voir quelle décision prendre. Rappelons qu’Ennahdha n’a jamais été tranquille avec le choix du président de la république Kais Saied de mettre Fakhfakh à la Kasbah (Fakhfakh qui a été proposé par le parti Tahya Tounes et soutenu par AlTayar et El Chaab).
Ennahdha avait besoin d’alliés au sein du gouvernement qui s’appellent aujourd’hui Qalb Tounes et bien évidemment Karama , le parti à tout faire de Montplaisir. Or Fakhfekh a imposé ses choix et a refusé de se soumettre aux injonctions du parti islamiste. Aujourd’hui il en paye le prix …sauf qu’il s’est mis tout seul le doigt dans l’œil. Il a offert sa propre mise à mort politique en étant le premier à ne pas respecter la loi, lui qui défend la transparence et la confiance.
Éthiquement, constitutionnellement, logiquement, il devrait présenter sa démission au président de la république qui l’a choisi et chargé de former un gouvernement. Il faudrait quand même avoir un minimum de sens de l’État! Après tout c’est une personne désignée et non pas élue et il n’a pas d’électeurs à qui il devra rendre des comptes. Même si Fakhfekh est connu pour sa droiture et sa probité, il a gaffé et a été très mal conseillé. La décision paraît bien claire.
Par ailleurs, Ennahdha doit assumer aujourd’hui son échec à former un gouvernement et à placer un des siens à la Kasbah mais doit surtout assumer ses choix de système électoral et de régime politique qui sont en train de mener le pays à sa perte. Ennahdha n’a jamais voulu s’exposer. Elle cherche à être un marionnettiste qui mène la danse à son rythme. Et c’est ce régime politique qu’elle a choisi qui le lui permet. Ennahdha qui a toujours voulu chercher la paille dans l’œil de qui lui échappe plutôt que de regarder la poutre dans les yeux de qui lui est soumis.
Et ça fait dix ans que ça dure ! Dix ans que le pays souffre d’une maladie- que certains veulent rendre incurable- qui est la lutte pour le pouvoir et la défense des intérêts. D’où le règne de la corruption et du banditisme contre lesquels les Tunisiens s’étaient pourtant révoltés.
Le pays continue à être gangrené, soumis aux diktats des nouveaux barons politiques cette fois. Les personnes qui ont été élues pour gérer le pays et apporter des solutions aux crises économiques et financières ne pensent qu’à la manière de rester au pouvoir utilisant pour cela tous les moyens et bien sûr les moins orthodoxes.
Tout le monde cache un cadavre dans son placard et tout le monde détient un secret bien gardé. Tout ceci à faire pâlir tous les scénaristes de séries télévisées. Et le pays reste prisonnier de cette gestion calamiteuse.
Il ne s’agit plus seulement du Fakhfekh gate mais d’un supplice cruel qu’on fait subir à un vieux pays mais jeune dans sa démocratie qui risque à tout moment de basculer.
Je veux continuer à croire au miracle si entre temps un éveil des consciences n’a pas lieu…