Fatima Mernissi (1940-2015) est une universitaire sociologue marocaine en même temps qu’une féministe résolue.
Fatima Mernissi écrira drôlement dans son best-seller « Rêves de femmes, une enfance au harem » :
« Je suis née en 1940 dans un harem à Fes, ville marocaine du IXe siècle, située à 5000 kms à l’ouest de la Mecque, et à 1000 kms au sud de Madrid, l’une des capitales des féroces chrétiens. »
Après des études de lettres à Rabat, elle poursuit ses études à la Sorbonne et obtient un doctorat de sociologie aux États Unis. Alors qu’elle est enseignante à l’université de Rabat, elle publie « Le harem politique » dans lequel elle s’interroge sur la place des femmes musulmanes dans le monde et le pourquoi de leur exclusion des sphères publiques et politiques. Le livre sera interdit au Maroc et les islamistes marocains mèneront une offensive virulente contre elle.
Parrallèlement à sa carriere litteraire, Fatima Mernissi mène son combat pour la cause féministe. Elle fonde les « Caravanes Civiques », un réseau d’artistes, d’intellectuelles et d’activistes, et le collectif « Femmes, Familles, Enfants. »
Elle dénonce le patriarcat dans les sociétés musulmanes en expliquant que l’Islam encourage l’égalités des sexes. Et que les entraves à la liberté des femmes ne trouvent pas tant leur origine dans les sources scripturaires que dans les formes de contrôle théorisées dans un second temps de l’Islam, notamment sous la dynastie des Omeyyades. Fatima Mernissi aura consacré toute sa vie à la réflexion, au débat d’idées et à l’écriture.
Elle restera dans les mémoires comme l’une des plumes féminines les plus en vues au Maghreb et dans le monde arabe. À l’heure ou je rends hommage à son oeuvre, je relis avec émotion, ses mots forts, courageux :
« Si les droit des femmes sont un problème pour certains hommes musulmans modernes, ce n’est ni à cause du Coran, ni à cause du prophète, et encore moins à cause de la tradition islamique, c’est tout simplement parce que ces droits sont en conflits avec les intérêts d’une élite masculine. »