jeudi 21 novembre 2024
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Vers un horizon plus sain

Par Adly Kaffel

En traversant l’avenue Habib Bourguiba, mythique lieu de l’histoire tunisienne, témoin de moments d’espoir ultime et d’immenses tragédies, un lieu chargé de l’âme de tout un pays, de siècles de bouleversements lui conférant son énergie si particulière, on se sent porté par tant de charme, comme si on traversait l’Histoire elle-même. Enfant, j’étais intimidé par tant de vie, mais également fasciné, émerveillé en me promenant entre les ruelles qui s’entrecroisent et susurrent leurs histoires à mes sens exaltés.

Des années plus tard, cette magie est toujours présente, mais elle est étouffée par l’omniprésence de poussière, de détritus, de gaz d’échappements, et de l’indifférence des citoyens qui contribuent à faire de ce lieu un dépotoir géant. Les trottoirs se retrouvent parés de mégots de cigarettes, les routes arborent des bouteilles en plastique vides en guise de bitume, et même l’asphalte se retrouve parfois enseveli sous les cartons. Même les majestueux ficus ne suffisent plus à assainir l’air ambiant, si bien que les masques que nous portons depuis plus d’un an à cause de cette crise sanitaire deviennent un outil salutaire. Pourtant, les poubelles publiques ne sont pas inexistantes, pas plus que celles des nombreux commerces de part et d’autre de l’avenue.

Mais cette vision ne touche malheureusement pas que l’une des plus mythiques avenues du pays, celle-ci n’étant même pas la moins bien lotie. Dans tous les recoins du pays, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, ces tableaux peints par l’indigence des tunisiens s’amoncellent et font de notre Tounes El Khadhra une pathétique parodie de paradis. Le silence et l’aveuglement du gouvernement ne fait qu’encourager ces odieux comportements, qui sont devenus aujourd’hui la norme. Dans de nombreux lieux, les services municipaux pour assainir l’environnement et nettoyer les lieux publics sont quasi-inexistants, et à certains endroits, on ne trouve pas une poubelle publique à des kilomètres à la ronde. Alors oui, les citoyens font preuve d’une lâcheté et d’un manque de responsabilité déconcertants en balançant leurs saletés partout, se justifiant d’un « ce n’est qu’un bout de papier » ou encore d’un « tout le monde fait pareil », mais l’action du gouvernement est tout aussi exécrable. Aujourd’hui, aucun d’entre eux ne peut encore rejeter la faute sur l’autre, les torts sont plus que partagés, il est aujourd’hui temps de les assumer, et enfin commencer à les expier.

Le pays a besoin d’une énorme campagne de sensibilisation sur la question de l’environnement, de la propreté, des notions qui relèvent ni plus ni moins du respect de l’autre, notion si chère à notre culture, mais oubliée depuis longtemps par tous. L’éducation nationale doit consacrer une part importante de son programme à cela, apprenant aux enfants tout autant qu’aux parents que maintenir la propreté de notre pays est l’affaire de tous, et le gouvernement doit agir en créant les infrastructures nécessaires au maintien de la propreté dans notre pays. Des sanctions ne doivent pas être à exclure envers quiconque ne respecte pas ces mesures, et des récompenses peuvent même être faites envers les meilleurs élèves, si tant est qu’un environnement propre n’en est pas déjà une en soi. La police de l’environnement a beaucoup de travail, il lui faut plus de moyens, plus de considération, et celle-ci doit pouvoir appliquer des sanctions sévères envers quiconque salit la place publique, car celui-ci commet un crime contre son pays.

Au delà de la propreté de notre pays, la Tunisie doit aujourd’hui devenir une place forte de la transition énergétique. Notre planète va mal, notre pays n’y échappe pas. Les estimations sur les réserves d’eau montrent que nous serons à sec d’ici une trentaine d’années, nous devons réagir au plus vite pour sauver la vie de nos générations futures. Nous devons sans plus attendre travailler à utiliser une énergie verte, propre, et en faire un pilier de notre économie. Nous utilisons aujourd’hui encore beaucoup trop d’énergies fossiles, polluantes et dont l’impact sur l’environnement est désastreux. Beaucoup de nos usines sont archaïques et rejettent des gaz nocifs et toxiques dans l’environnement. De plus, ces ressources sont quasiment toutes importées, ce qui contribue à la dégradation de notre système économique.

Les compétences ne manquent pas pour réfléchir et créer un système d’énergie renouvelable global, utilisant les énergies renouvelables telles que le solaire, l’électrique, l’hydraulique ou encore l’éolien pour ne citer qu’eux, et débarrasser le pays de toute cette saleté, rendre l’environnement plus sain, et attirer des investisseurs pour créer ces infrastructures. Ceci pourra créer de nouveaux emplois, sensibiliser les citoyens à la question environnementale, et faire rayonner notre pays à l’international. Utiliser de nouvelles sources d’énergie permettra également de contribuer à l’essor de notre économie, en encourageant une production locale, pour ensuite pouvoir exporter ces nouvelles richesses. Nous devons créer une économie verte cyclique afin d’impliquer un maximum d’acteurs nationaux et ainsi améliorer le niveau de vie des tunisiens, sans oublier de conserver une ouverture internationale claire, afin d’accueillir les compétences et capitaux étrangers à même de nous aider à réussir cette transition. Ce combat ne peut être mené à notre échelle uniquement, il faut tendre la main et prendre celle de nos alliés, afin que tout le monde en sorte gagnant, à commencer par notre planète. Construire des universités spécialisées dans l’environnement, afin de transmettre savoir et compétences sur le sujet, et encourager à la création de nouvelles solutions pour l’environnement, tout en étant ouvertes à tous, devient aujourd’hui une solution plus que viable. Investir dans la recherche et le développement devient aujourd’hui indispensable pour avancer vers un avenir plus radieux. Ces actions doivent être menées sur l’ensemble du territoire, profitant de la diversité de notre environnement pour réfléchir et trouver des solutions diverses et variées à la crise environnementale. De plus, la justice doit comprendre l’importance de son rôle dans ce combat, en sanctionnant sévèrement les entreprises ne respectant pas ces mesures. L’instauration d’une taxe verte et d’un système de récompenses est nécessaire afin d’encourager cette transition. L’action du gouvernement est aujourd’hui primordiale, celui-ci doit absolument mettre en place le cadre dans lequel se déroulera cette transition, et ouvrir la porte aux capitaux et investisseurs locaux et étrangers qui souhaitent participer à cette révolution.

Un assainissement est donc aujourd’hui indispensable, au propre comme au figuré, afin de sauver notre pays et lui rendre sa noblesse d’antan. Et ce n’est pas Labib qui dira le contraire.

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