Il est évident qu’aucune décision cruciale ni aucun changement profond ne peuvent être réalisés dans un climat de grande tension, voire de clivage.
Il est tout aussi évident que le pays doit changer, doit se transformer, doit être métamorphosé tout en préservant ses acquis.
Revenons à l’actualité qui est l’élection des députés qui vont former le prochain parlement, tel que vu, pensé et imaginé par Kais Saied. Le taux de participation aux élections législatives, aussi bien au premier qu’au second tour, traduit d’une façon claire et sans équivoque le non-intérêt des tunisiens. Le corps électoral s’élève à 7853447 citoyens (entre 5827949 inscrits volontairement et 2025498 inscrits automatiquement). Le taux de participation n’a pas dépassé les 11,5%. Chacun y est allé de sa lecture, de son interprétation. Même le président Kais Saied s’y est mis. Mais les chiffres sont têtus, quoiqu’on veuille leur faire dire. Et ils doivent être analysés loin de tout calcul politique et partisan.
Le pays va mal, très mal. Et cela sur tous les plans. Il y a un blocage politique qui n’est plus à démontrer. Mais le plus grave est sa situation économique et financière. De l’avis de tous les experts, le pays est au bord du gouffre. Tous les chiffres et tous les indicateurs le prouvent. Les dernières notations de l’agence Moody’s ne font que corroborer cette situation alarmante. Certes, combattre la corruption et toutes les formes de malversations est une priorité. Mais ce n’est pas la seule. Il y a plusieurs priorités et d’abord et avant tout la situation économique, qui semble éloignée des débats.
Entre le prêt du FMI suspendu au programme des réformes que présentera le gouvernement d’une manière claire et sans équivoque, entre les prêts accordés par les pays “frères et amis” qui tardent à venir, entre un budget de l’Etat qui n’est pas encore financé, entre des entreprises publiques qui souffrent de mauvaise gouvernance ou au mieux de gouvernance archaïque, entre une inflation galopante…La Tunisie n’arrive pas à trouver la solution idéale qui n’existe pas et qui n’existera jamais.
Ce qui est affligeant dans cette conjoncture, c’est qu’il y a des dizaines de possibilités pour que notre pays renoue avec la croissance, la productivité et retrouve également son rayonnement international. Les intérêts politiques veulent tuer toute velléité de changement. Sinon comment expliquer qu’on n’ait pas pu jusque là aller vers des décisions cruciales, nécessaires et urgentes comme la numérisation de l’administration, pour ne citer que cette réforme !
Aujourd’hui nous assistons à un débat stérile qui bloque tout le pays. Le débat n’est même pas idéologique, au moins il aurait un sens ! Le débat est entre des forces qui veulent gouverner coûte que coûte, et elles utilisent tous les moyens pour arriver à leurs fins, aidées en cela par des forces étrangères, ceci n’est plus à démontrer, qui défendent bien évidemment leurs propres intérêts. Et des forces nostalgiques d’un passé qui aujourd’hui est dépassé par les événements et par une géopolitique en mutation, mais qui est surtout rétif à tout changement.
Jusqu’où cela peut-il mener le pays ? Toutes les sonnettes d’alarme ont été tirées. Certains redoutent l’impossibilité d’un redressement. Cependant, ça reste envisageable. Mais à plusieurs conditions. L’urgence est de rassembler le pays, de valoriser le travail, de créer de la richesse et de bien la répartir. Et cela passe par une parole politique claire, sincère et honnête qui présente un état des lieux exhaustif. Quelqu’un a dit un jour, qu’en politique on n’en vient aux solutions de bon sens qu’après avoir essayé toutes les autres. Il semble que l’heure du bon sens est arrivée…