Le film documentaire de Yassine Redissi est bien plus qu’une ode à l’amour du pays natal, il est bien plus qu’un film sur la tolérance et le respect de l’autre.
Il est bien plus qu’un retour vers un espace-temps perdu et auxquels plusieurs tunisiens rêvent de retourner..
L’histoire de Henri Tibi chanteur, compositeur photographe, amoureux de sa ville natale Tunis mais aussi de sa solitude et de ses chats est aussi un hymne à la vie hors des contraintes et des sentiers battus.
Yassine Redissi ne raconte pas seulement l’histoire de cet artiste qui n’a pas pu aller jusqu’au bout de ses rêves mais il nous met en scène aussi sa propre abnégation pour ne pas dire entêtement.
Lui aussi, avec son compère Slim Ben Ammar, est allé jusqu’au bout de son propre délire : réaliser ce film à partir de presque rien et en faire une magnifique histoire attachante ( d’ailleurs il y a une sorte d’enivrement qui nous prend à la sortie du film).
« Je reviendrai là-bas » est un film contre l’oubli, notamment celui qui fait souffrir des artistes à cause de l’ingratitude. Yassine Redissi va au-delà du film. Il réalise une exposition de photos prises par Henri Tibi, à l’époque où il sillonnait La Goulette, Kheredin, Sidi bou Said. Avec Slim Ben Ammar, ils reprennent une chanson intitulée « Je Rêve…» qui sera jouée par les jeunes musiciens du Conservatoire de musique de Sousse.
Le réalisateur aura mené jusqu’au bout le rêve de cet artiste oublié qui a dû quitter son pays natal pour s’exiler dans une ville où il ne se reconnaissait pas.
Un grand futur derrière nous, telle pourrait être cette démarche empruntée par Yassine Redissi qui réalise un hymne à l’amour et à la communion à partir de photos jaunies, de cassettes d’un autre temps, de témoignages et bien sûr d’une petite vidéo postée sur YouTube.
Tunis, La Goulette, Paris, Besançon, Sousse. C’est le parcours que le film trace pour témoigner sa reconnaissance à titre posthume à un amoureux de la Tunisie.
Ce pays en grande souffrance aujourd’hui et qui voit ses jeunes (et moins jeunes) rêver de le quitter – au risque de mourir – et qui a vécu la souffrance de ceux qui l’ont quitté, poussés à l’exil. Un film sur Tunis d’antan belle et rebelle, raconté par des jeunes qui rêvent d’une Tunisie meilleure et qui aspirent à un avenir plein d’espoir, à l’image de ces jeunes artistes, sur la scène du théâtre de Sousse, qui nous font vivre le bonheur à travers une chanson.
Yassine Redissi a mis sept ans pour réaliser son film documentaire qu’il décrit lui-même comme « inclusif dans un pays en proie aux discriminations ».
Un film d’une facilité déconcertante mais qui ouvre la voie à plusieurs questionnements.
Beaucoup d’amour et d’émotion se dégagent de ce film.
«Je rêve… » cette chanson d’Henri Tibi magnifiquement interprétée par Slim Ben Ammar vaut le détour.